Le Manifeste

Parti

Éducation, Démocratie, Dignité


- Manifeste -


L’identité de la France, si intimement liée à la République, se lit dans nos textes fondateurs que nos aînés nous ont légués au prix de leurs luttes séculaires. Il nous appartient d’entretenir et de faire fructifier cet héritage pour le présent et l’avenir au regard des défis de notre temps.


Notre identité n’est pas à chercher dans une vaine quête de l’ethnique, ni dans le rejet de l’Autre, que ce soit des Françaises et Français descendants d’immigrés ou des étrangers qui rejoignent la France au péril de leur vie pour simplement vivre leur vie et offrir le meilleur d’eux-mêmes à la nation qui les accueille.


Notre identité s’ouvre indéfectiblement vers l’universel fraternel. Cette singularité de la France est grandeur parmi les nations. Ne l’abandonnons jamais.


Le creuset français n’est possible que par la force de notre État de droit qui en consacre les valeurs et les principes constitutifs. Sans eux, tout s’effrite et finit par s’effondrer.


Alors relisons nos textes fondateurs et accordons nos actes à nos écrits les plus chers.


« [Préambule de la Constitution de la Ve République] Le peuple français proclame solennellement son attachement aux Droits de l'homme et aux principes de la souveraineté nationale tels qu'ils ont été définis par la Déclaration de 1789, confirmée et complétée par le préambule de la Constitution de 1946, ainsi qu'aux droits et devoirs définis dans la Charte de l'environnement de 2004. »


Notre projet se trouve tout entier dans ces lignes. Leurs conséquences sont aussi claires qu’immenses.


État de droit. La clé de voûte de notre force politique se concentre dans la défense et la promotion de l’État de droit, en France, en Europe et dans le monde, avec un attachement spécifique à l’Afrique francophone à laquelle nous sommes intimement liés par les fils de l’Histoire.


Nous défendons une politique de respect fidèle de nos textes constitutionnels et de nos engagements européens et internationaux, en France et en Europe comme dans nos rapports avec le reste du monde.


Le grand chantier à engager par notre nation est bien celui d’une mise en conformité de nos actes avec nos principes et valeurs, sur le plan des droits de l’homme, de la justice sociale et de l’impératif écologique.


Il n’y a Etat de droit que s’il vaut de manière effective en tout point du territoire national et en tout acte de la puissance publique, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.


La situation des étrangers en France est à cet égard la pierre de touche d’un Etat qui ne respecte plus son propre droit et renie ses engagements européens et internationaux. Dans la France d’aujourd’hui, la maltraitance des personnes migrantes prend une tournure structurelle. Leurs droits les plus élémentaires de personnes humaines sont bafoués. Des enfants sont enfermés dans des centres de rétention administrative parce que enfants migrants. Les actes de solidarité des Français à l’égard des migrants, loin d’être encouragés et soutenus, sont criminalisés. Cette maltraitance est le symptôme d’une France qui, à rebours de son histoire et de son identité, se ferme aux forces vives venues de l’extérieur.


Et ne nous y trompons pas : le non-respect des droits fondamentaux des étrangers en France ne s’arrête pas aux portes de la nationalité française. Il touche progressivement les Français eux-mêmes, à commencer par les Français les plus précaires et les Français des catégories populaires, avec les mille et un tracas administratifs et judiciaires qu’ils subissent, avec les dénis de droits quotidiens. C’est la société française dans son ensemble qui vacille quand progressivement l’état d’urgence, sécuritaire ou sanitaire, se prolonge indéfiniment au gré des décisions du gouvernement, lui-même aux ordres d’un seul homme, le président de la République.


L’affaiblissement de l’État de droit frappe également l’Europe, sans que la France y trouve à redire quand, par exemple, des députés européens catalans, élus par le suffrage universel, ne peuvent pas siéger au Parlement européen et sont contraints à l’exil ou à la prison en Espagne pour le seul fait d’avoir participé, de près ou de loin, à la tenue d’un référendum sur l’indépendance de la Catalogne.


La mise à terre de l’État de droit dans de nombreux pays d’Afrique centrale et de l’ouest n’est pas sans lien avec la diplomatie française qui soutient, envers les peuples africains, des régimes dictatoriaux au nom de l’influence française en Afrique et, plus prosaïquement, de l’assurance de quelques contrats juteux pour des grandes entreprises françaises.


Enfin, le non-respect du droit s’accompagne d’atteintes toujours plus graves et irréversibles à l’environnement et au vivant. L’écologie exige un État de droit debout et un droit international respecté.


Dignité. Quand l’Etat de droit s’amenuise, c’est la dignité qui est atteinte au cœur : la dignité des personnes comme la dignité des peuples.


Or, la société française, comme toute société, ne peut détourner indéfiniment son regard des atteintes à la dignité humaine sans en subir directement ou insidieusement les maux. Il ne s’agit pas seulement de coût économique, social ou sécuritaire, mais également d’un prix moral, aux conséquences plus profondes.


La France est traversée par une crise de la dignité.


Dignité de celles et ceux, Français comme étrangers, qui survivent dans une société qui ne les regarde plus.


Dignité des Français qui occupent des emplois essentiels, voire vitaux, pour notre société, à commencer par les soignants et les enseignants, mais qui, jour après jour, voient leur condition de travail et de rémunération se dégrader au nom des « réformes structurelles ».


Dignité des agents de la fonction publique, qui essuient le mépris et l’indifférence technocratiques de leur ministère de tutelle.


Dignité des travailleurs pauvres, qui exercent des métiers difficiles, parfois harassants, et qui ne peuvent pas accéder à des conditions de vie décentes.


Dignité des travailleurs précaires, des plateformes numériques et autres intérimaires, qui triment hors de tous droits sociaux réels et qui pour un nombre croissant d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté, sans perspective au-delà du lendemain.


Dignité des cadres que l’on écrase sous des objectifs de rentabilité exponentielle.


Dignité des chômeurs, que l’on accuse de leur situation de chômage.


Dignité des jeunes à qui l’on offre un horizon inquiet et un présent paupérisé, à qui l’on refuse les moyens d’une formation universitaire et professionnelle de qualité.


Dignité des retraités, plongés dans la pauvreté après une vie de travail.


Dignité des aînés qui, dans le grand âge, après une vie entière de labeur, sont réduits à l’état de poules aux œufs d’or de sociétés d’EHPAD qui les exploitent sans vergogne, au besoin par la maltraitance quotidienne, pour en tirer le maximum de profits financiers.


Dignité des gens du voyage, stigmatisés en raison de leur mode de vie.


Dignité des Rroms, perpétuellement renvoyés aux marges insalubres de la société.


Dignité des migrants, à qui l’on refuse les conditions de vie élémentaires.


Dignité du citoyen, dont le bulletin de vote n’oblige plus ses représentants.


Dignité du peuple français qui contemple, sidéré, son élite dirigeante évoluer dans une dimension parallèle, déconnectée des réalités de vie du plus grand nombre, si satisfaite d’elle-même qu’elle laisse libre court à son mépris de classe.


Dignité des peuples du monde entier qui plient sous le joug de régimes dictatoriaux qui, pour certains, spécifiquement en Afrique, bénéficient de l’appui diplomatique et militaire coupable de la France.


Dignité du vivant, que l’on blesse jour après jour pour un peu plus de croissance, un peu plus de profits.


Démocratie. La fidélité aux valeurs et principes de l’État de droit qui seul garantit le respect de la dignité des personnes et des peuples ne vit et ne se perpétue qu’au travers de la démocratie.


Notre démocratie est malade, depuis longtemps. Mais nous ressentons bien une accélération dans son déclin depuis 2017. Jamais n’aura-t-on connu Parlement aussi faible, aussi peu considéré par l’Exécutif.


L’article 24 de notre Constitution dispose que « Le Parlement vote la loi. Il contrôle l'action du Gouvernement. Il évalue les politiques publiques. »


Dans les faits, il n’en est rien ou presque. Le Parlement entérine des lois rédigées par les administrateurs des ministères. Le Parlement, avec sa majorité présidentielle, ne contrôle en rien l’action du Gouvernement, il ne fait qu’assurer la promotion des mesures gouvernementales. Le Parlement n’évalue pas les politiques publiques, il n’en a tout simplement pas les ressources d’expertise, ni la volonté.


Sur des sujets essentiels, le Gouvernement procède par ordonnances ou par état d’urgence. Sur des sujets stratégiques, comme les affaires étrangères ou notre politique d’exportation d’armes, le Parlement n’a aucun droit de regard effectif.


Seule une reconsidération substantielle de la place et du rôle du Parlement permettra une renaissance de notre démocratie.


Seule une reformulation complète de notre diplomatie permettra de soutenir – et non d’affaiblir – les forces démocratiques des pays étrangers, à commencer par les pays d’Afrique avec qui nous sommes liés.


Laïcité. La dignité de chacun inclut la liberté de croire ou de ne pas croire en une religion. Principe de liberté et de tolérance, la laïcité est la réponse française à l’épineuse question de la conciliation entre la liberté de conscience et l’organisation de la vie collective en tant que nation. La laïcité imprègne en profondeur notre Etat de droit et notre démocratie.


À nous d’en réaffirmer sereinement son principe et d’en trouver les modalités d’application concrète avec intelligence et générosité, à commencer par l’école.


Le port ostensible de signes religieux n’a pas sa place à l’école de la République, ce qui n’interdit pas d’enseigner l’histoire des religions.


Les cantines scolaires n’ont pas à se plier aux exigences religieuses de certains élèves et parents d’élèves, ce qui n’interdit pas de proposer une diversité de menus qui peut satisfaire tout le monde.


Le droit au blasphème doit être garanti en tout état de cause, ce qui n’interdit pas une attention et une écoute à l’égard des personnes heurtées dans leurs croyances.


La laïcité, qui n’est pas en soi une défense de l’athéisme, est la liberté de pratiquer son culte ou de ne pratiquer aucun culte, de s’engager dans une religion ou de s’en détourner, de porter des signes religieux ou de ne pas en porter, dans le respect des lois de la République, sans subir de vexation ou de discrimination de la part de quiconque, et ce en tout point du territoire national.


Éducation. Nous entendons ici « Éducation » au sens le plus large: l’école bien sûr, mais aussi l’université, la formation professionnelle, la culture, l’éducation à la citoyenneté, la transmission des savoirs, l’apprentissage des savoir-faire, l’innovation technique comme la recherche fondamentale, les sciences naturelles comme les sciences humaines et sociales, la pensée pratique comme la pensée critique.


L’Éducation, dans cette acception universelle, est à nos yeux le levier majeur, le vecteur essentiel, pour faire advenir le changement de la société française comme des autres sociétés du monde : vers la transition énergétique et le respect du vivant, vers la réduction des inégalités sociales et territoriales, contre la stigmatisation des individus en raison de ce qu’ils sont, de leur couleur de peau à leur orientation sexuelle, pour la défense indéfectible de la démocratie et de l’État de droit, pour l’attachement absolu à la dignité humaine.


L'Éducation doit redevenir le grand projet de notre nation qui mobilise l’ensemble de la société et qui s’en donne les moyens.


L’Éducation est bien entendu intimement liée à l’Éducation nationale et l’École. Bien plus qu’un service public, l’Éducation nationale constitue un principe politique premier constitutif de notre République. Elle permet l’incorporation citoyenne des principes et valeurs fondamentales de notre identité républicaine.


Longtemps fierté de la nation, l’Education nationale subit une dégradation hautement préoccupante pour l’avenir de la nation et la solidité de notre cohésion républicaine.


Dans notre pays, les enseignants, piliers de la nation, sont malmenés de réformes technocratiques en coups de rabot budgétaire, de fermetures arbitraires de classes en chasses aux sorcières islamo-gauchistes. Imagine-t-on un pays qui paupérise ses propres enseignants et qui, par là même, qui saborde l’avenir de ses enfants ? Ce pays, c’est pourtant la France d’aujourd’hui.


La formation professionnelle doit également irriguer toutes les mailles de la société et devenir un lieu connu de toutes et tous, de fierté et d’excellence, à tous les niveaux, pour tous les métiers et dans tous les territoires. Continuer d’apprendre et de se former doit être bien plus qu’un droit individuel, actuellement peu activé en pratique, mais un phénomène de société qui anime toutes les générations.


L’Université, qui rassemble l’enseignement supérieur et la recherche, doit retrouver la noblesse de son statut et de sa mission au cœur de la société. Hier, l’École fut la grand-œuvre de la IIIe République. Faisons demain de l’Université la grand-œuvre de notre temps. Cela ne pourra se faire que par une véritable considération des enseignants-chercheurs et des étudiants. Arrêtons de singer à tout prix le modèle américain comme de s’obséder jusqu’à l’irrationnel des classements internationaux chinois. Bâtissons notre modèle universitaire français et européen à partir de notre génie et de notre compréhension de ce que doit être l’Université.


La Culture, dans une société démocratique, n’est pas un luxe superflu qu’il serait de bon ton d’en limiter les dépenses dans une période de vache maigre économique ; la Culture est une nécessité. Elle constitue un bien essentiel. Ses lieux de vie, du musée à la librairie, sont des sanctuaires que rien de devrait pouvoir autoriser à fermer. Seul un gouvernement sans boussole, suivi par une majorité parlementaire sans honneur, peut oser classer les librairies dans la catégorie des commerces non essentiels. Il n’y a pas d’affirmation du citoyen, pas d’émancipation de l’individu, pas de vitalité de la société sans culture.


La Citoyenneté ne tombe pas du ciel. Elle s’acquiert avec patience et constance, par l’effort et l’implication de l’individu comme par la transmission et l’éducation que dispensent les institutions de la société à chacun de ses membres. Si les différences de statuts et de conditions sociales peuvent diviser la société jusqu’à nous éloigner, voire nous opposer les uns aux autres, n’oublions jamais ce fait fondamental : nous sommes tous citoyens, co-dépositaires de la société que nous avons en partage, héritée de nos parents et que nous léguerons à nos enfants.


Fraternité. L’État de droit qui est un cadre juridique et institutionnel, la dignité qui est une valeur fondamentale et la démocratie qui est un régime politique ne se suffisent pas à eux-mêmes. Ils requièrent le souffle d’une vertu : la fraternité.


La fraternité est un rapport au monde inné chez la plupart d’entre nous, mais qui s’apprend et s’acquiert au niveau collectif, mais qui se perd également quand prospèrent dans l’espace public des discours de haine et de xénophobie.


La fraternité ne s’arrête pas aux frontières administratives, ni aux statuts juridiques des personnes, ni aux barrières linguistiques, ni aux religions, ni aux couleurs de peau. Elle vaut pour les Français entre Français. Elle vaut pour les Français avec le reste des peuples du monde.


Malgré la violence et l’individualisme de l’époque, notre nation n’a jamais perdu le sens de la fraternité. Des femmes et des hommes, spontanément, par le biais de collectifs associatifs, ou dans le cadre de mandats électifs, font acte de fraternité.


Nous saluons ici les militants de la fraternité, les Domenico Lucano, maire de la commune italienne de Riace, condamné à treize années de prison pour avoir accueilli avec humanité des migrants.


La fraternité est un combat.


En France, par la décision du Conseil constitutionnel du 6 juillet 2018, la fraternité, consubstantielle à la République, a été reconnue comme principe à valeur constitutionnelle. Elle rejoint le bloc de constitutionnalité ; elle fait partie intégrante de notre Etat de droit.


Liberté, Égalité, Fraternité.


Fraternité, Égalité, Liberté.


Ces mots gravés au fronton de la République française nous rappellent chaque jour que la France n’est grande et utile au monde que lorsqu’elle porte haut dans les discours et dans les actes ses valeurs universelles.